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BLOG DE L'AMBASSADE DE L'ETAT DE PALESTINE AU SENEGAL

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29 novembre 2010

Message de S.E le Président Mahmoud ABBAS, à l'occasion de la journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien

Message de S.E le Président Mahmoud ABBAS, Président de l’Etat de Palestine, Président du Comité Exécutif de l’Organisation de Libération de la Palestine, Président de l’Autorité Nationale Palestinienne, à l’occasion de la commémoration de la Journée Internationale de Solidarité avec le Peuple Palestinien.


(Traduction non officielle)


S.E Mr. Ban KI-MOON, Secrétaire Général des Nations Unies,

S.E Mr Joseph DEISS, Président de l’Assemblée Générale des Nations Unies,

S.E Sir Mark Lyall GRANT, Président du Conseil de Sécurité des Nations Unies,

S.E Mr l’Ambassadeur Abdou Salam DIALLO, Président du Comité des Nations Unies pour l’Exercice des Droits Inaliénables du Peuple Palestinien,

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Alors que vous commémorez la Journée Internationale de Solidarité avec le Peuple Palestinien, j’ai le plaisir de transmettre à votre réunion au siège de l’ONU et, à travers vous, à la Communauté Internationale entière, les salutations les plus chaleureuses du peuple palestinien et de ses dirigeants ainsi que notre profonde gratitude pour votre solidarité avec notre peuple et pour votre soutien dans sa lutte pour la réalisation de ses droits inaliénables et l’établissement d’une paix juste, globale et durable au Moyen Orient.

Je voudrais également exprimer notre profonde appréciation des efforts menés par S.E le Secrétaire Général des Nations Unies, Mr Ban KI-MOON, ainsi que ceux menés par le Comité pour l’Exercice des Droits Inaliénables du Peuple Palestinien et son Président, efforts visant à rétablir les droits du peuple palestinien, à mettre fin à leur souffrance et à apporter la paix dans la région. Votre important rôle contribue de manière claire et efficace à la promotion de la solidarité internationale avec notre cause et du soutien des nobles aspirations de notre peuple à l’autodétermination, à la liberté et à l’indépendance.

Depuis ses débuts, les Nations Unies ont continuellement fait face à et assumé leurs responsabilités vis-à-vis de la question palestinienne jusqu’à sa résolution dans tous ses aspects à travers la fin de l’occupation israélienne de nos terres et lieux saints et en permettant à notre peuple de décider de sa destinée conformément aux résolutions de la légalité internationale et au consensus mondial. Les Nations Unies ont adopté de nombreuses résolutions basées sur la Charte des Nations Unies et le Droit International, notamment le Droit International Humanitaire. Bien que ces résolutions n’aient été exécutées jusqu’à ce jour à cause du refus et de l’intransigeance d’Israël, elles restent valides et constituent jusqu’à présent les fondements de la protection des droits de notre peuple et la base nécessaire à l’accomplissement de la justice, ce qui est un pré-requis à la réalisation de la paix. Nous voudrions rappeler ici que les résolutions 242 (1967) et 338 (1973) du Conseil de Sécurité constituent la base pour le processus de paix au Moyen Orient.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Il est une réalité qui ne peut ni être ignorée ni être niée, il s’agit de l’injustice historique infligée au peuple palestinien et qui perdure. Il est également une autre réalité, à savoir que nous, Organisation de Libération de la Palestine, avons, durant de nombreuses années, mené notre lutte avec un grand réalisme. Depuis 1974, nos conseils nationaux ont reconnu le principe de la résolution du conflit sur la base de la solution de deux Etats et au travers des négociations. Notre peuple a déclaré l’indépendance de l’Etat de Palestine et proposé l’initiative de paix palestinienne en 1988 et a fait une concession historique et douloureuse dans le but d’arriver à une paix qui garantisse ses droits par l’établissement d’un Etat palestinien en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem-Est sur les frontières du 4 Juin 1967.

Mais la base de tout progrès vers un règlement pacifique est le principe du partenariat et de l’entente sur les termes de référence juridiques ainsi que le respect des accords conclus dans le but de résoudre les problèmes imposés par l’héritage de ce long, amer et sanglant conflit. Ce partenariat doit comprendre les préoccupations légitimes de l’autre et poser les assises d’un avenir nouveau et différent pour les peuples palestinien et israélien.

Je dois souligner ici que le partenaire palestinien continuera à être un partenaire réel, non pas pour embellir la face laide de l’occupation mais pour mettre fin à cette occupation. De plus, les négociations doivent être justes et conduire à un accord clair et duquel résulte un réel engagement, et cela ne veut pas dire que la partie la plus puissante, Israël, puisse avoir la permission de nous imposer constamment sa volonté. Notre engagement est ferme et fort quant à la réalisation d’une paix globale qui conduise à deux Etats viables – l’un existe déjà, Israël, et l’autre doit parvenir à son indépendance, l’Etat de Palestine – sur les frontières du 4 Juin 1967.

Dans ce cadre et sur la base de notre détermination à parvenir à la paix, nous avons répondu aux initiatives et efforts américain et internationaux pour la reprise du processus de paix et des négociations entre nous et Israël suite à une période d’interruption. Avec l’aide de nombreuses parties, arabe et internationale, nous avons pu sortir de l’impasse dont était victime le processus. Nous avions espéré que la reprise des négociations sur les questions des statuts finaux et un règlement définitif, après avoir écarté les obstacles auxquels ils faisaient face, aurait constitué un sérieux et véritable départ pour la réalisation d’une paix et d’une sécurité authentiques et durables entre nous et Israël. Pour que cela se produise, il faut aborder la détérioration du processus de paix, créer une atmosphère appropriée, construire des ponts de confiance entre les deux côtés.

Cela ne peut se faire que par le respect des termes de référence du processus de paix tels que définis par les résolutions de la légitimité internationale, par l’Initiative de Paix Arabe, la vision de deux Etats et l’application stricte et honnête des accords signés. Cela requiert de mettre un terme, de manière décisive et finale, à la campagne vicieuse de colonisation israélienne des Territoires Occupés Palestiniens, y compris Jérusalem-Est qui constitue une bombe à retardement qui pourrait détruire à tout moment tout ce que nous avons construit sur le chemin de la paix.

La confiscation des terres, l’expulsion des citoyens palestiniens de leurs maisons et la construction du Mur d’annexion et d’Apartheid, qui est condamnée internationalement, doit cesser. Les palestiniens prisonniers dans les prisons israéliennes doivent être libérés. Le siège injuste et inhumain imposé à notre peuple à Gaza doit être levé. Le transfert illégal de civils israéliens dans les Territoires Occupés Palestiniens, y compris Jérusalem-Est, doit être arrêté, car il ne peut y avoir de coexistence entre les activités coloniales et la paix. Les colonies sont une manifestation flagrante et agressive de l’occupation et de la mentalité expansionniste. Alors que la paix implique la reconnaissance des droits nationaux du peuple palestinien, l’engagement à appliquer, dans la lettre et l’esprit, les résolutions de la légitimité internationale, le principe de la terre contre la paix, la solution de deux Etats et la feuille de route.

Il est impossible d’atteindre une paix réelle, durable et globale si elle n’est pas basée sur les résolutions de la légitimité internationale, qui appelle Israël à se retirer totalement des Territoires Occupés Palestiniens et Arabes. L’alternative est de glisser davantage dans l’inconnu. La trajectoire du processus politique doit être corrigée, l’érosion des négociations doit être arrêtée et l’engagement vis-à-vis des obligations du processus de paix juste et durable doit être réaffirmé. Cela est exigé par la justice et la loi internationale, et c’est ce qui conduira à la paix et non pas la prise en compte d’une soi-disant paix économique et de soi-disant considérations pratiques basées sur ce qui peut être « accepté » par la force occupante, état de fait qui a sapé le processus de paix et les perspectives de sécurité et de stabilité pour la région.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Ce qui pourrait éteindre le feu de la violence et contrôler les tendances extrémistes est de faire un pas courageux vers les négociations du statut permanent afin de parvenir à des accords pratiques et justes qui mettent fin à l’occupation de nos terres et de nos lieux saints et qui apportent une stabilité solide à une région qui est pleine de tensions qui constituent des sources d’éruptions à la fois visibles et cachées. C’est pour cela que nous rejetons toutes les actions unilatérales prises par Israël, la force occupante, et demandons leur cessation immédiate puisqu’elles affectent les questions des statuts finaux et constituent une tentative réelle de déterminer unilatéralement la carte de la solution finale. J’adresse donc mes mots à travers vous à la Communauté Internationale entière. Nous devons retenir les leçons des échecs précédents des efforts internationaux visant à obliger Israël à mettre fin à ses politiques de colonisation et ses pratiques d’agression qui ont causé tant de dommages au processus de paix et sapé la crédibilité d’une paix avec notre peuple.

Le cœur de ce conflit sont les activités d’occupation et de colonisation et il est temps pour le monde de traiter ce conflit à ses racines par l’arrêt de l’occupation et en permettant la réalisation de l’indépendance de l’Etat de Palestine, qui nous espérons, tel que l’a déclaré le Président Obama à l’Assemblée Générale en Septembre, sera un nouveau membre actif et reconnu des Nations Unies d’ici l’année prochaine tout en vous assurant que les Nations Unies et la légitimité internationale demeureront le sanctuaire et la référence de toutes nos décisions dans le cas d’un échec des négociations pour lesquelles, nous vous l’assurons, nous ne ménagerons aucun effort en vue de leur succès.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Le peuple palestinien tient son inébranlable foi de la justesse de sa cause et de votre soutien et du soutien et de la solidarité de tous nos frères et amis qui désirent le succès du processus de paix. Nous avons donc besoin de vos efforts continus et de ceux des co-sponsors du processus de paix, notamment le Président Obama, la Fédération de Russie, l’Union Européenne, le Japon, la Chine, le Mouvement des Non-Alignés, l’Organisation de la Conférence Islamique ainsi que les frères arabes et tous les amis de par le monde et en particulier ici aux Nations Unies.

Je suis totalement convaincu, alors que nous sommes au seuil de la célébration d’une nouvelle année, que la souffrance de notre peuple prendra fin. Je suis également sûr que le renouvellement et la confirmation de votre solidarité et de votre soutien envers notre peuple, particulièrement en ce moment, renforcera notre volonté indéfectible. De même qu’elle sera renforcée par votre soutien envers notre position juste et nos efforts sincères visant à établir une paix juste, durable et globale dans la région – une paix durable et bien établie ; une paix basée sur la justice, l’équité, l’égalité, le respect mutuel et une coopération créative ; une paix qui garantisse aux peuples de la région la sécurité, la stabilité et la prospérité et qui garantisse la liberté et l’indépendance au peuple palestinien ; une paix qui tournera la page du passé avec ce qu’il contient de douleurs, de répression et souffrance ; une paix qui ouvre sur une nouvelle ère de coopération et de coexistence dans une région où il y aura de l’espoir, la sécurité et des perspectives d’un avenir meilleur pour tous nos enfants.

Nous vous renouvelons à tous notre gratitude et notre appréciation pour vos bons efforts et votre solidarité ferme et constante avec la cause de notre peuple. Et je renouvelle mon message au peuple israélien que notre main est encore capable de tirer le rameau d’olivier des décombres et elle restera tendue pour une paix juste en vue d’assurer un avenir sûr pour nos enfants et leurs enfants.

Que la paix soit sur vous.

 

Mahmoud ABBAS.

Président de l’Etat de Palestine

Président du Comité Exécutif de l’Organisation de Libération de la Palestine

Président de l’Autorité Nationale Palestinienne 

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10 novembre 2010

L’ÉGLISE PRÔNE PLUS DE JUSTICE AU MOYEN ORIENT

L’ÉGLISE PRÔNE PLUS DE JUSTICE


ET LE DROIT INTERNATIONAL


AU MOYEN ORIENT

 

Dakar, le 4 Novembre 2010

 

Confrontés à la violence que génèrent les conflits géopolitiques régionaux et internationaux, la survie des chrétiens d’Orient semble chaque jour remise en cause en Irak, au Liban et en Palestine. En réponse à cette violence, le phénomène de la migration chrétienne illustré par la diminution du nombre des citoyens chrétiens dans la région du Moyen-Orient, s’amplifie de jour en jour. Il est dû en grande partie, à la montée des intégrismes dans la région conjuguée avec la pression insoutenable de l’occupation israélienne. Il y a quelques jours, 58 personnes ont été tuées dans la prise d’otage de la Cathédrale Syriaque Catholique Notre-Dame de la Délivrance, à Bagdad, et des colons extrémistes s’en prenaient à des églises en Palestine occupée. Cette pression est en train de réduire comme peau de chagrin la taille des communautés historiques des chrétiens d’Orient dont la diversité et l’importance étaient autrefois significatives. Cette véritable hémorragie humaine constituerait le signe avant-coureur de la disparition de la présence chrétienne dans cette région du monde qui la vit naître, il y a plus de 2000 ans.  

 

L’examen du processus d’émigration massive des chrétiens d’Orient soulève des interrogations plus profondes que certains intellectuels et hommes politiques tendent à éluder. Il ne s’agit pas seulement de faire le constat de l’affaiblissement inexorable de la présence chrétienne au Moyen-Orient. Mais il faut aussi souligner que vider la région de ses habitants chrétiens équivaut, à la priver de sa diversité civilisationnelle et historique, en desséchant spirituellement la région pour la mener vers plus de fanatisme et d’extrémisme, et pour alimenter le fameux «choc des civilisations» si utile pour justifier la violence. En effet pendant des siècles, le Moyen Orient avait aussi pour particularité de regrouper les chrétiens d’Orient au sein de nombreuses églises et courants du christianisme dans une diversité et un dynamisme extraordinaire. Ainsi, à Jérusalem, il y a encore plus de 13 Eglises et 3 patriarches. A Taybeh, un des villages palestiniens entre Jérusalem et Ramallah, il se trouve trois églises de rites différents : catholique romain, catholique grec et grec orthodoxe. Pourtant, Taybeh a perdu la moitié de sa population chrétienne en trente ans. De même, le nombre des chrétiens palestiniens à Jérusalem-Est (Al-Qods) ne dépasse guère 11 mille, soit à peine 7,1 % des habitants palestiniens arabes établis dans la ville, alors qu’en 1944, leur nombre était d’environ 39.000. Dans l’ensemble, en Terre sainte, la population chrétienne ne représente plus que 2 ou 3 % de la population totale.

 

C’est après la visite du Saint Père en Palestine et en Irak, en mai 2009, et partant du triste constat de la situation des chrétiens d’Orient, que le Vatican décida de consacrer un synode à ce sujet. Celui-ci vient de se tenir à Rome, dans le Palais du Vatican. Ce synode s’est ouvert le 10 octobre 2010, sur le thème « Communion et Témoignage ». Il visait à prendre le pouls réel de la situation des chrétiens d’Orient, trouver des solutions aux divisions des chrétiens entre eux et répondre aux défis de demain. Pour la première fois, nous avons pu assister à la participation des responsables catholiques des différents rites et des différents pays du Moyen-Orient pour « parler de ce qui les concerne », tout en étant aussi attentifs à la présence « orthodoxe et protestante ». C'était une première « communion » et beaucoup espèrent que cette démarche ne s’arrêtera pas en si bon chemin.

 

Au cours de ce synode et après plus de deux semaines de travail, de nombreuses décisions importantes ont été prises, démontrant une très bonne compréhension des questions qui entravent la vie des chrétiens d’Orient et la Paix dans la région. En réponse à cette situation préoccupante, plus d’une quarantaine de propositions, allant de la Bible, à la paix en passant par la langue arabe et le statut de la femme, ont été élaborées, votées et adoptées à la majorité des deux tiers par les pères synodaux. Ces derniers ont accordés une grande importance aux aspects géopolitiques, cause fondamentale de la précarité de chrétiens d’Orient. Prenant acte de la situation dans leur message final, les évêques réunis ont clairement espéré qu’une paix entre Israéliens et Palestiniens sur la base de la coexistence de deux États devienne réalité et ont souhaité que cesse l'exode des chrétiens.

 

1- Critique de l’occupation israélienne et de la politique de colonisation en Palestine

Certaines décisions du synode méritent toute notre attention et l’une des plus importantes concerne la Palestine. Réuni au Vatican, le synode des évêques pour le Moyen-Orient, a demandé samedi 30 octobre 2010, dans son message final, adressé à la communauté internationale, de mettre fin à l'occupation israélienne « des différents territoires arabes » en faisant appliquer les résolutions des Nations-Unies. Les évêques présents à Rome ont lancé un appel, « en particulier à l’ONU pour qu’elle travaille sincèrement à une solution de paix juste et définitive dans la région, et cela par l’application des résolutions du Conseil de sécurité et la prise des mesures juridiques nécessaires pour mettre fin à l’occupation des différents territoires arabes par Israël ». Selon le synode, c’est la seule et unique façon de garantir au peuple palestinien « une patrie indépendante et souveraine (où) […] vivre dans la dignité et la stabilité » et à Israël de « jouir de la paix et de la sécurité au-dedans des frontières internationalement reconnues ». 

 

Lors de ce synode, si les évêques n’ont pas manqué de reconnaitre « les souffrances et l'insécurité » des Israéliens, ils ont insisté sur la vie des chrétiens de Palestine directement menacée par l’occupation militaire israélienne, pointant l’intolérable injustice subie par les Palestiniens, qu’ils soient chrétiens ou musulmans. Dans leurs travaux, les pères synodaux détaillent les conséquences de l’occupation militaire israélienne. Avec force exemples et illustrations des brimades et persécutions quotidiennes endurées par le peuple palestinien comme si les accords d’Oslo et de Washington n’avaient jamais existés. En effet, les palestiniens pâtissent continuellement du manque de liberté de circulation, imposé par le mur dit de séparation et les barrages militaires. Ils souffrent les démolitions de leurs maisons, les perturbations de la vie sociale et économique. Enfin, ils vivent depuis des décennies entre les villes bouclées, les camps de refugiés et les prisons israéliennes.  

 

C’est aussi par ces actes que se déploie de façon pernicieuse l'injuste violence envers les chrétiens de Palestine, dont la vie quotidienne est rythmée par les obstacles érigés par l’occupation israélienne afin de les empêcher d’aller au travail, à l’école ou à l’hôpital, d’aller prier ou visiter les lieux saints. A titre d’exemple, les chrétiens de Jérusalem-Est (Al Qods) qui subissent les mêmes affres que leurs frères musulmans, ne peuvent ni construire de nouvelles maisons, ni restaurer leurs anciennes demeures. Ils vivent séparés de leurs proches des autres régions de la Palestine, et sont assujettis à des lois arbitraires et à des taxes abusives qui les poussent hors de la ville sainte les contraignant à renoncer à leurs biens et à leurs droits sur cette terre. Quant à ceux établis dans les autres régions de la Palestine, notamment en Cisjordanie, ils vivent dans une grande prison, cernés par le mur de la sécurité israélienne qui se révèle être plutôt le mur de la ségrégation raciale et de l’annexion.

 

Il s’agit vraisemblablement du premier document du Saint-Siège, qui évoque aussi clairement les conséquences de l'occupation militaire israélienne, constituant selon les prélats l'une des principales causes de l'émigration des chrétiens de Palestine, de l’amoindrissement de leur liberté de mouvement et de la situation économique très difficile qu'ils subissent. Tout cela n’est plus supportable pour les chrétiens palestiniens et l’avenir est bien sombre et incertain pour les jeunes générations chrétiennes du Moyen Orient. Malgré cela, le synode n’a pas manqué d’exhorter les chrétiens à ne pas vendre leurs propriétés dans la région, car elles restent « vitales pour ceux qui restent là et pour ceux qui, un jour, reviendront ».

 

2- La question de Jérusalem :

Un autre point particulièrement intéressant soulevé par les participants du synode, est la situation de la ville sainte de Jérusalem et en particulier les initiatives unilatérales israéliennes qui menacent sa composition et risquent de modifier son équilibre démographique, culturel et social. En conséquence, le synode reprend l'appel du Vatican à l'octroi d'un statut spécial à Jérusalem : « La ville sainte de Jérusalem pourra obtenir le statut juste qui respectera son caractère particulier, sa sainteté et son patrimoine religieux, pour chacune des trois religions, juive, chrétienne et musulmane». Cela constitue une référence directe du synode, sans la citer, à la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies qui avait condamné, en novembre 1967, l’« acquisition de territoire par la guerre » et avait demandé le « retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés » à l’issue de la Guerre des Six jours. Cette résolution a été suivie de plusieurs autres de la même inspiration mais sans effets jusqu’à ce jour. 

 

3- Déconstruire les mythes :

Au cours de ce synode exceptionnel, les prélats réunis ont aussi jugé nécessaire de déconstruire des mythes qui cautionnent les injustices au Moyen-Orient. Ainsi, l'occupation israélienne de la terre de Palestine ne peut se fonder sur les Saintes Ecritures. Ils ont clairement reproché à Israël d'invoquer le concept biblique de Terre promise ou de peuple élu pour justifier le retour des juifs en Israël et le déplacement des Palestiniens, la colonisation à Jérusalem ou revendiquer des territoires. L’archevêque de l'Eglise grecque melchite, Cyrille Salim Bustros a conclu : « Nous, chrétiens, ne pouvons parler de Terre promise pour le peuple juif. Il n'existe plus de peuple élu. Tous les hommes et les femmes sont devenus le peuple élu ». 

 

4- L’usage de la langue arabe dans le cadre des institutions du Saint-Siège :

Enfin, le synode a été très fortement francophone preuve du dynamisme de la langue française au Moyen-Orient, toutefois, il préconise la promotion de la langue arabe afin qu’elle devienne une des langues d’usage du Saint-Siège. La langue arabe constitue, en effet, non seulement un lieu de communion, de témoignage et de mémoire chrétienne, mais aussi de pont entre les différentes églises ainsi qu’avec les musulmans. Dans la proposition 21, les pères synodaux expliquent comment « l'expérience du Synode pour le Moyen-Orient a mis en lumière l'importance de la langue arabe, surtout que celle-ci a contribué au développement de la pensée théologique et spirituelle de l'Église universelle, et plus précisément le patrimoine de la littérature arabe chrétienne ». 

 

Alors que nous nous trouvons dans un contexte international complexe, avec la regrettable intransigeance israélienne, frein à la paix, ce synode s’est déroulé dans un véritable esprit de communion. Il s’est attaché à mettre en place les éléments d’une paix réelle au Moyen-Orient et d’un avenir meilleur pour les chrétiens de la région et du monde, sur la base des principes de justice, de paix et de dialogue.

 

Comprenant que l’administration israélienne continuera de se montrer incapable de s’engager franchement sur la voie de la paix, et voudra poursuivre de force une démarche colonisatrice qui se fonde sur l’unilatéralisme, le synode a lourdement insisté sur la responsabilité internationale et la nécessité de vivre en paix dans des frontières acceptées de tous. De sages paroles qui, nous l’espérons, seront entendues en hauts lieux.

 

 

Anas ABDERRAHIM

17 décembre 2009

GAZA : LA SOLIDARITE EN MARCHE

Le 31 décembre, 50 000 Gazaouis et 1350 volontaires étrangers défileront pacifiquement pour réclamer la levée d'un blocus illégal.

Pour commémorer le triste anniversaire de l’opération israélienne Plomb durci, 50 000 Gazaouis et 1350 internationaux de 42 pays marcheront ensemble, le 31 décembre, vers le point de passage d'Erez. Organisée par la Coalition internationale pour la fin du siège illégal de Gaza, cette marche entend célébrer le Nouvel An dans la solidarité citoyenne. Et pallier le fantomatique soutien diplomatique des Occidentaux.

            Les participants prévoient, entre autres, de lâcher des ballons et d’honorer le nom de chacune des 1315 personnes tuées pendant les 22 jours de l’offensive. Ils apporteront aussi du matériel médical et scolaire, qui manque cruellement au million et demi d’habitants vivant sous le blocus total d’Israël depuis trois ans. Blocus encore récemment qualifié de « crime contre l’humanité » par le rapporteur de l’ONU Richard Falk.

Les organisateurs, qui refusent de prendre position sur les querelles internes palestiniennes ou les négociations avec Israël, préparent un événement strictement humanitaire et non violent. Si le Hamas a donné son autorisation à la tenue de la marche, il n'est pas dit que l’Egypte autorisera le passage à Gaza de centaines de volontaires internationaux. Déjà informées et coopératives, selon Medea Benjamin, principale coordinatrice de la marche, les autorités égyptiennes peuvent cependant à tout moment empêcher l’entrée de participants étrangers. Et l’attitude des Israéliens est imprévisible. Que feront-ils lorsque les militants approcheront du point de passage d’Erez ? Si les manifestants non violents palestiniens sont régulièrement blessés lors de leurs actions en Cisjordanie. La présence à leurs côtés de volontaires étrangers - et peut-être celle de caméras de télévision occidentales venues couvrir l'événement - pourrait cette fois les mettre à l'abri de la répression. 

Constance Desloire

Jeune Afrique, n° 2553, page 48.

17 décembre 2009

Leila Shahid : petits pas et lourdes menaces sur la Palestine

Françoise Germain-Robin

15 Décembre 2009 

La représentante de l’Autorité palestinienne à Bruxelles, invitée d’un débat à l’Institut du monde arabe à Paris, fait un tour d’horizon de la situation au Proche-Orient.

http://www.france-palestine.org/article13511.html

C’est une soirée de retrouvailles qu’avait organisée, jeudi, le CJPP5 (comité justice et paix en Palestine et au Proche-Orient, du 5e arrondissement) en invitant Leïla Shahid à parler de la politique de l’Union européenne face au conflit israélo-palestinien. Quatre journalistes [1] étaient là pour la questionner.

La représentante de la Palestine auprès de Bruxelles a d’abord dit le mal qu’elle avait eu à se repérer dans « le maquis des institutions de l’UE », décrite comme « un monstre à trois têtes » qui « avance par millimètres et à tout petits pas ». L’un de ces pas, c’est le texte adopté le 8 décembre par les ministres des Affaires étrangères de l’UE qui affirme que Jérusalem doit être la capitale de deux États, Israël et la Palestine, et que les colonies construites dans les territoires conquis par Israël en 1967 sont illégales, y compris celle de Jérusalem-Est. Preuve de son importance, « jamais, dit Leïla Shahid, les Européens n’ont subi autant de pressions de la part d’Israël ». Elle salue « le courage » de la présidence suédoise, faisant un parallèle avec la présidence française qui avait tenté d’imposer un rehaussement des relations avec Israël en en faisant un quasi-membre de l’UE, décision que « le Parlement européen a heureusement bloquée ». C’est la seule bonne nouvelle.

Pour le reste, elle voit surtout des raisons d’inquiétude : la division interpalestinienne, constitue, dit-elle, « le défi le plus grave que nous ayons eu en soixante ans ». Il y a aussi « le risque d’une attaque contre l’Iran, qu’Israël utilise pour occulter le problème palestinien ». « Ce serait la fin du monde car Israël a 200 têtes nucléaires et l’Iran, des missiles qu’il enverrait sur Dimona. »

Son espoir réside non dans les États arabes « coupés en trois mondes – Machrek, Maghreb, Golfe – et en proie à une crise d’identité réelle, et pas fictive comme en France », ni dans les États-Unis, où « le président a changé, mais pas les institutions », mais dans « la Turquie, qui constitue un pont et une vraie aubaine pour l’Union européenne ».

[1] René Backman, du Nouvel Observateur, Dominique Vidal, du Monde diplomatique, Denis Siffert, de Politis, et Hassane Zerrouky, de l’Humanité

11 décembre 2009

Israël continue de s’en prendre aux lieux saints palestiniens, chrétiens et musulmans

 

Communiqué de presse de l’Ambassade de l’Etat de Palestine au Sénégal :

 

Israël continue de s’en prendre aux lieux saints palestiniens, chrétiens et musulmans


 

Israël a entrepris depuis le 23 Novembre 2009, de façon unilatérale des rénovations et des excavations et fouilles, au Saint-Sépulcre à Jérusalem-Est, capitale de la Palestine. Ces actes illégaux violent en effet le principe du statu quo religieux dans la ville. Ce nouveau scandale fait suite à celui des excavations sous la mosquée Al-Aksa. Gardienne des lieux saints à Jérusalem, la Jordanie a exigé d’Israël l’arrêt de ces violations.

 

Les responsables de l’Eglise en Palestine, la Custodie franciscaine de la Terre sainte, qui a la garde du Saint-Sépulcre, a précisé que ces agissements étaient «de la seule et entière initiative du Département israélien des Antiquités», qu’elle «n’a jamais demandé à ce dernier de faire ces travaux et [qu’] elle n’a pas donné non plus sa permission».

 

Cette politique unilatérale s’inscrit évidemment dans la stratégie d’annexion et de judaïsation de la Jérusalem arabe. Elle s’ajoute aux destructions de maisons palestiniennes, à la confiscation d’autres demeures par des colons israéliens, au développement massif des quartiers juifs et au retrait du droit de résidence à de nombreux habitants palestiniens.

 

De même, une mosquée de Cisjordanie, en Palestine, vient d’être vandalisée par des colons israéliens, cette nuit. Les vandales ont détruit des livres saints dans cette mosquée du village de Yassouf (au sud de Naplouse), tôt ce vendredi. Les suspects n'ont toujours pas été arrêtés. Les colons extrémistes s'en prennent aux Palestiniens et à leurs biens depuis se sentant protégé par le gouvernement extrémiste arrivé au pouvoir en Israël et son refus de geler la colonisation et les nouvelles constructions de colonies dans les territoires occupés palestiniens dont Jérusalem-Est.

 

L’Ambassade de l’Etat de Palestine au Sénégal condamne ces pratiques contraires aux Conventions de Genève comme aux résolutions des Nations unies, et exige de la Communauté Internationale qu’elle intervienne rapidement et fortement après du gouvernement Israélien pour faire cesser ces agressions impunies.

 

 

 

 

Dakar, le 11 Décembre 2009

 

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17 novembre 2009

Anniversaire de la Déclaration d'Indépendance

Ambassade de l’Etat de Palestine

au Sénégal, au Cap-Vert, en Gambie,

  en Guinée et en Guinée Bissau

COMMUNIQUE :

Vingt-et-un ans après la Déclaration d’Indépendance

Il y a 21 ans, le Président Yasser Arafat, alors président du Comité Exécutif de l’Organisation de Libération de la Palestine, prononçait solennellement la déclaration d’indépendance rédigée de la plume du grand poète palestinien, Mahmoud Darwich. C’était en Algérie le 15 novembre 1988, lors du congrès du Conseil National Palestinien.

Exerçant le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, à l’indépendance politique et à la souveraineté sur son sol, le Président Arafat avait alors proclamé « l’établissement de l’État arabe de Palestine sur la terre palestinienne, avec pour capitale Jérusalem AI-Qods AI-Sharif » pour tous les palestiniens où qu’ils soient. Cette déclaration historique, se basait sur la primauté du droit et de la légalité internationale incarnée par les résolutions de l’Organisation des Nations unies depuis 1947. Elle reprenait les principales revendications du peuple palestinien dont le droit au retour pour les réfugiés palestiniens selon la résolution 194 de l’Onu. Ces revendications soumises à la communauté internationale restent une véritable charte des exigences nationales palestiniennes et la clé de la paix.   

Par cette déclaration, la direction palestinienne consacrait la solution de deux Etats, et permettait le déclenchement du processus politique qui allait suivre et aboutir aux accords d’Oslo. Cela impliquait le sacrifice de la majeure partie de notre territoire historique (78 %) afin de permettre l’établissement d’un Etat Palestinien sur les 22 % restant toujours occupés. Il s’agissait d’un véritable tournant politique pour le peuple palestinien qui connaissait un contexte difficile avec la répression israélienne contre l’intifada populaire commencée en 1987. En soutien aux droits inaliénables du peuple palestinien et de sa juste cause, près de 120 Etats dont le pays frère du Sénégal, avaient alors reconnu et soutenu l’Etat palestinien.

A l’aube d’un moment décisif pour le peuple palestinien, l’Ambassade de l’Etat de Palestine au Sénégal, rappelle qu’après plus de 18 ans de négociations, le processus de paix dans sa globalité est aujourd’hui dans une impasse. Elle rappelle qu’il n’y aura pas de reprise de négociations sans un arrêt complet de la colonisation sur l’ensemble des territoires occupés palestiniens, comme l’a rappelé dans son discours le Président Abbas. Depuis les accords d’Oslo, les gouvernements israéliens successifs ne cessent de saboter la possibilité d’établir deux Etats sur les frontières du 4 juin 1967. Conscients de la gravité de la situation, la direction palestinienne envisage toutes les solutions et des choix alternatifs, si la solution de deux Etats devient impossible à cause de la colonisation.

   

L’Ambassade de l’Etat de Palestine appelle, en cette date historique, la communauté internationale à rendre sa crédibilité au processus de paix, à donner une réalité à l’Etat palestinien et à mettre fin à l’impunité d’Israël. Elle encourage les Etats qui ne l’ont pas encore fait, à reconnaître l’Etat palestinien sur les frontières du 4 juin 1967 avec Jérusalem-Est, Al Qods, comme capitale.

                                                                                                                           

                                                                                                                              Dakar, le 15 Novembre 2009

17 novembre 2009

Hommage de Mahmoud Darwich à Yasser Arafat

  (11 Novembre 2005 )

En chacun de nous,

quelque chose d’Arafat

( Mahmoud DARWICH )

Yasser Arafat nous a surpris en ne nous surprenant pas. Comme si la concomitance de la maladie de l’homme et de la maladie du discours imposait l’épilogue et empêchait le héros tragique de marquer de ses traits propres le destin. Pas de miracle cette fois, pas de coup de théâtre depuis que la tragédie, changée en long feuilleton télévisé, est devenue quotidienne, familière et banale.

Yasser Arafat nous avait graduellement familiarisés avec les adieux. Il nous avait habitués à une mort non convenue et non annoncée, sous un bombardement aérien ou dans l’écrasement d’un avion au désert. Mais le sort l’ayant à maintes reprises miraculé, il précédait la mort vers la vie, et nous ressuscitions avec lui dans la migration vers une destinée scintillant de la beauté de l’impossible et d’une poésie pastorale qui nous aidait dans la traversée de l’interminable chemin.

D’un exil à l’autre, notre question s’éloignait de la terre de la question et... s’en approchait avec l’éloquence d’un sang qui dessinait les bannières, et nous disions qu’il fertilisait l’idée, ravivait la mémoire et abolissait les frontières entre le réel et le légendaire.

Nous avions besoin de la légende, nous en avions même déjà écrit certains chapitres, mais la légende avait besoin de réalité. Le légendaire franchira-t-il la barre du réel ? La question est remise à plus tard.

Yasser Arafat est l’homme qui, associant pragmatisme et conviction, a réussi à apprivoiser la contradiction dans les exils ; le dirigeant qui, par les grâces d’un dynamisme hors du commun, la fusion totale de ses vies privée et publique et son acharnement au travail, est devenu un symbole.

Ingénieur de formation, il n’a pas balisé les routes. Il les a creusées entre les champs de mines. Il faudra du temps à l’Histoire pour trier les archives de cet homme- phénomène. Mais elle peut d’ores et déjà lui décerner la grande médaille de l’art de la survie, d’ores et déjà s’arrêter sur cette aventure qui, allumant le feu dans la glace, releva du prodige.

Yasser Arafat a dirigé une révolution contraire à tous les calculs. Parce qu’elle est peut-être venue avant son heure ou après, ou parce que les rapports de force dans notre région interdisent à quiconque de faire craquer ne serait-ce qu’une allumette à proximité des champs de pétrole et de la sécurité d’Israël !

Il n’a remporté de batailles militaires ni en exil ni dans la patrie. Mais il a été victorieux dans le combat pour la défense de l’existence nationale. Replaçant la question de Palestine sur les cartes régionale et internationale, il a imposé l’identité nationale du réfugié palestinien, jusque-là confiné dans l’absence. La réalité de la Palestine désormais inscrite dans la conscience universelle, Yasser Arafat a réussi à convaincre le monde que la guerre commençait en Palestine... et la paix également.

Plié avec un soin à la fois fidèle aux coutumes et symbolique, son keffieh devint le signe moral et politique de la patrie. Mais, ayant concentré toutes les questions en sa personne, il nous devint dangereusement indispensable... tel le père de famille qui ne veut pas voir ses enfants grandir et compter sur eux-mêmes. C’est ainsi qu’il nous inculqua, plus d’une fois, la peur d’être un jour orphelins, la peur que notre grande idée ne s’estompe s’il venait à disparaître. Et il se joua tant de fois de la mort que l’inconscient collectif palestinien s’emplit de la croyance qu’Arafat ne pouvait mourir, et sa légende effleura alors les frontières du métaphysique.

Mais des surprises se préparaient ailleurs. L’homme symbole venu des textes grecs avait besoin d’alléger les pesanteurs de son propre mythe car le pays réclamait désormais gestion et institutions, la fin de l’occupation, mais par des moyens nouveaux. Placé sous le regard de tous, Yasser Arafat se retrouva exposé aux reproches, aux rumeurs, à la contestation. Mais les héros, tel est leur sort, toujours acculés à des batailles inégales face à l’ennemi, doivent aussi préserver leur image dans l’imaginaire populaire.

Or lui, maîtrisant l’art de négociateur de Saladin et habité par la tolérance d’Omar, n’est pas venu monté sur son cheval blanc ou à pied devant son dromadaire. Il est venu vers sa réalité nouvelle porté sur les accords d’Oslo, dont les fondements sécuritaires grands ouverts sur d’obscures intentions faisaient peu de place à l’espoir. Mais il est quand même revenu avec à l’esprit une pensée optimiste : après tout, le prophète Moïse lui-même n’est pas revenu dans la Terre promise !

C’est un premier pas vers l’Etat, disait-il. Et il savait que la Palestine demeurait encore là-bas, dans les questions non résolues telles celles de Jérusalem ou du droit au retour, que le chemin vers leur solution passait non par les accords d’Oslo mais par les principes de la légalité internationale. Et il savait que ces principes n’avaient plus vraiment cours dans le monde unipolaire, celui-là même qui venait d’introniser Israël en puissance sacrée dispensant à la Maison Blanche ses enseignements célestes. Et il savait que le protocole présidentiel, les cartes d’identité et les passeports n’étaient pour les responsables israéliens qu’un bon moyen de divertir les affamés d’indépendance par quelques repas frugaux et rapides. Et il savait et savait qu’il n’avait fait que quitter la prison de l’exil pour une prison meublée de l’image des choses, non de leur réalité, et qu’il avait besoin d’une autorisation pour aller de sa prison de Ramallah à sa prison de Gaza, sur un tapis rouge, il est vrai, et au son d’une fanfare...

Ainsi débuta la tragédie du président, ainsi se déclara son mal politique et moral. Soumis aux conditions israéliennes impitoyables, ce grand prisonnier qui ne pouvait adhérer à la vision israélienne des choses ne pouvait plus pour autant revenir à l’énoncé originel du conflit. Et le fait que, des deux partenaires, c’était l’Israélien qui, regrettant la conclusion des accords, avait trahi ses engagements ne lui était d’aucun réconfort. Dès lors, que faire ?

Nul ne peut contester le droit des Palestiniens à résister à l’occupant. La deuxième Intifada est venue exprimer leur volonté nationale et leur désir de redonner vie à l’espoir par une paix véritable qui consacre l’idépendance et la liberté. Mais un grand débat interne demeure quant aux moyens à mettre en oeuvre pour satisfaire les aspirations tout en évitant le piège de l’affrontement armé, tant désiré par un Ariel Sharon soucieux d’inscrire sa propre guerre contre les Palestiniens dans la guerre générale contre le terrorisme.

Yasser Arafat ne pouvait plus, dès lors, qu’espérer une rébellion du destin, un miracle rétif aux temps présents. La Mouqata’a, son siège et seul domicile, s’effondrant une pièce après l’autre, il répétera avec un timbre prophétique : "Martyr, martyr, martyr", et les Arabes auront, l’espace de quelques instants, la chair de poule... Mais la répétition rend toute tragédie banale, et le siège d’Arafat relèvera de l’ordinaire des jours... Trois ans de vie empoisonnée, trois ans à respirer un air insalubre, trois ans d’invectives américaines - "il n’est plus qualifié pour..." -, trois ans d’acharnement israélien pour tenter de le dépouiller de ses prérogatives, au premier rang desquelles sa force de symbole.

Mais les Palestiniens ont cette capacité à toujours produire du symbolique : le siège du président est le symbole de notre encerclement, sa souffrance, le symbole de notre souffrance, et il est avec nous et en nous et comme nous, et nous l’aimons parce que nous l’aimons et nous l’aimons parce que nous n’aimons pas ses ennemis.

Il ne nous a pas surpris, cette fois. Nous ayant préparés à un adieu non suivi de retrouvailles, l’assiégé est sorti du siège. Parti à la rencontre d’une mort en exil, il a mis les dernières touches à sa légende. Mais il nous a laissé un peu de temps. Pour que notre tristesse apprenne à s’exprimer de façon seyante, pour que chacun de nous atteigne l’âge du sevrage.

En chacun de nous, quelque chose de lui. Il est le père et le fils. Le père d’une phase entière de notre histoire. Le fils dont nous avons formulé les mots et tracé l’image.

Lui parti, nous ne disons pas adieu au passé... mais nous entrons dans une nouvelle histoire, béante sur l’inconnu.

Trouverons-nous le présent avant de craindre l’avenir ?

17 novembre 2009

COMMEMORATION DU DECES DU PRESIDENT ARAFAT

COMMUNIQUE  DE L’AMBASSADE DE L’ETAT DE PALESTINE AU SENEGAL

Commémoration du décès du Président Yasser Arafat

L’Ambassade de l’Etat de Palestine au Sénégal commémore, ce 11 novembre 2009, le 5ème anniversaire de la disparition mystérieuse du président Yasser Arafat. L’Ambassade de l’Etat de Palestine souhaite rappeler la tristesse du peuple palestinien ainsi que celle des peuples épris de justice et de paix, et saluer une nouvelle fois la mémoire du leader charismatique, grand Homme de l’histoire contemporaine, qui a consacré sa vie durant toute son énergie à construire la paix et un avenir au peuple palestinien. 

Fondateur du Fatah, il devint en 1969 le Président du Comité Exécutif de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP). Yasser Arafat incarna par son engagement pour son peuple, la tragédie vécue par celui-ci après la Nakba et sa lutte constante pour ses droits inaliénables. Il devient alors la voix de la misère des enfants aux pieds nus des camps de réfugiés palestiniens, et transporte avec lui le Keffieh symbole de cette terre perdue, de ses paysans et ouvriers. En 1974, il marqua l’Histoire lorsqu’il prononça à l’Assemblée Générale de l’Onu, ces mots qui retentissent encore par leur force créatrice dans le silence sidérant de l’époque : «Je viens à vous avec un rameau d'olivier dans la main gauche, et une mitraillette dans la droite. Ne faites pas tomber le rameau d'olivier». Ce jour, l’Onu reconnût les droits inaliénables du peuple palestinien et que l’OLP était «le seul représentant légitime du peuple palestinien».   

Assiégé dans la Muqataa, durant les dernières années de sa vie, il ne se soumet pas à la violence israélienne et au chantage international, et ne cède pas sur les droits de son peuple. Il reste aujourd’hui un véritable symbole, une figure emblématique de la liberté et de la justice à l’échelle mondiale, un exemple pour les jeunes du monde entier. Durant sa vie, il a su bâtir un cadre politique permettant au peuple palestinien de conduire sa lutte de libération, à travers l’OLP et a su guider par son génie politique son peuple apatride lui permettant de survivre à de nombreuses épreuves, traversant les évolutions mouvementées du contexte régional et international. Président de l’Autorité Palestinienne de 1996 jusqu’à sa mort, il avait reçu en 1994 le prix Nobel de la Paix pour son investissement pour les générations futures. Malheureusement, aujourd’hui ces sacrifices, sont malmenés par l’attitude intransigeante des dirigeants israéliens qui prouvent qu’ils n’ont jamais voulu de la paix et de la solution de deux Etats.

Yasser Arafat a su redonner vie au peuple palestinien alors que son peuple avait été rayé des cartes. Sous Israël, le peuple palestinien continue de vivre et de se battre pour ses droits légitimes. Le combat engagé par le président Yasser Arafat est toujours le notre et le vôtre. C’est à nous tous qu’il revient d’écrire les nouveaux chapitres d’une histoire qui nous mènera à une paix juste : un état Palestinien libre et souverain avec Jérusalem-est, Al Qods pour capitale, et le droit au retour pour les réfugiés palestiniens selon la résolution 194 de l’Onu. Abou Ammar nous marchons toujours sur tes pas.

Dakar, le 11 Novembre 2009

Liens internet sur le sujet : http://www.aps.sn/spip.php?article61787

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